À 19 ans, Fanny est victime d’une hémorragie cérébrale qui la rend hémiplégique. Un coup de massue difficile à encaisser lorsqu’on est si jeune, mais qui n’a certainement pas empêché la jeune liégeoise d’aller de l’avant et de se reconstruire malgré les difficultés.
« Au début, j’ai tout perdu. J’étais paralysée de la tête au pied du côté gauche. Personne ne se prononçait sur la manière dont j’allais évoluer. J’avais perdu ma mobilité, mes repères, et en dehors de mes capacités physique, il y avait aussi l’aspect physique : quand à 19 ans, tu te retrouves avec la tête rasée, des cicatrices partout, c’est compliqué à gérer, tu ne te reconnais plus ».
Pendant des mois, Fanny se bat et se fixe des objectifs. Encouragée et coachée par le personnel soignant du centre de revalidation d’Esneux, elle finit par réaliser un triathlon. « Je pense que la reconstruction se fait tout au long de notre vie. Ce n’est jamais fini, il y a toujours des choses à apprendre ou des embûches à surmonter. C’est surtout difficile au début, quand toutes les difficultés arrivent d’un coup mais il ne faut pas lâcher, au fur et à mesure on s’habitue et il y en à de moins en moins ou du moins… Moins en même temps ! J’ai dû apprendre qu’avec beaucoup de courage, de patience et de détermination, on peut réellement se surpasser et presque tout surmonter ».
Depuis son accident il y a 7 ans, Fanny a fait face à de nombreuses désolations qui l’ont poussées plusieurs fois à se réinventer:
« J’avais étudié la pâtisserie et la chocolaterie et j’avais trouvé un job génial dans le Sud de la France. Finalement, l’employeur a fait marche arrière car c’était apparemment trop compliqué d’embaucher une personne comme moi… une personne handicapée ».
Fanny ne se laisse pas démotiver pour autant et se réoriente vers le marketing digital, domaine dans lequel elle trouve un employeur prêt à faire les démarches nécessaires pour engager des personnes de talent.
Alors qu’elle atteint le niveau pour participer au championnat européen de natation, son monde s’effondre à nouveau : elle n’est pas sélectionnée pour y participer car son handicap ne lui permet pas d’être compétitive face à ses concurrentes. Qu’à cela ne tienne, Fanny se redresse à nouveau : « Je vais faire du badminton! », dit-elle avec un aplomb qui force le respect.
En 2017, CAP48 a lancé un projet-pilote finançant trois centres de revalidation pour intégrer le sport dans le processus de revalidation, après un accident ayant provoqué un handicap. En arrivant au centre de réadaptation d’Esneux après son AVC, Fanny a fait la connaissance de l’équipe qui l’a encouragée et aidée à aller de l’avant: « La reconstruction, elle ne se fait pas du tout toute seul. Elle se fait au contact des autres. J’ai été hyper bien entourée par tout ce petit monde sans qui je ne serais pas là aujourd’hui. »
Grâce à Cap sur le Sport, Fanny à pu s’essayer à plusieurs disciplines : ” J’ai pu essayer de nombreux sports certains classiques comme la natation, le ping-pong ou le badminton et d’autres que je n’aurais jamais pensé faire un jour comme du karaté ou encore du krav maga ! La grille des sports proposés est vraiment variée ce qui permet à chacun, quelque soit le handicap, d’essayer, de voir ce qu’on préfère et dans quel sport on se sent le plus à l’aise.”
« Là je viens de rénover toute ma maison. Je me suis retrouvée à faire des trucs que je n’aurais jamais pensé faire ! Cela prouve qu’en se mettant des objectifs hauts, tu arrives à te dépasser. Si tu restes dans ta zone de confort, ou que tu te dis que tu n’y arriveras pas, alors tu ne te dépasseras jamais. Il faut essayer! Et même si ce n’est pas toujours fait à 100%, comme ça aurait été le cas si j’avais été valide, il faut essayer, à ta manière, en adaptant et au final tu verras que petit à petit tu feras de plus en plus de choses et tu seras fier de l’avoir fait ! Sans exemple, c’est vraiment difficile d’aller de l’avant. C’est pour cela que c’est important de témoigner, pour montrer aux autres ce qui est possible et les motiver à se lancer. »